Nous terminons notre voyage par un séjour balnéaire dans les îles. Vol Balikpapan- Berau avec Garuda qui nous fait repasser dans l'hémisphère nord.

Garuda : seule compagnie indonésienne n'étant pas sur la liste noire !

Cette journée qui visiblement pour nous était une simple journée de transport et de farniente va en fait virer à la cata. A l'arrivée à l'aéroport de Berau, comme prévu nous prenons un taxi pour nous rendre à Tanjung Batu, point d'embarquement pour l'île de Derawan. Durant 2h30 nous allons vivre un vrai cauchemar assis dans notre taxi, conduit par un psychopathe. S'il avait voulu nous faire passer de vie à trépas, il ne s'en serait pas pris autrement. La route montagneuse est très mauvaise par endroit et le chauffeur fonce sur les nids de poules énormes et freine au dernier moment. Il aborde les virages sans freiner et ne maîtrise absolument pas son véhicule, c'est son véhicule qui le mène. Résultat, nous avons quasiment fait du 2 roues et failli partir en tonneau 5 mètres plus bas. Nous avons aussi eu le droit à un magnifique tête-à-queue. Une autre fois en évitant un gros nid de poule, nous avons à quelques millimètres près, frôlé la voiture qui nous doublait. Sans compter qu'en évitant les obstacles, il se déportait sur l'autre voie sans visibilité dans les virages. Bref, un vrai cauchemar. Et le pire dans l'histoire, c'est que plus on lui gueulait dessus, plus ils enchaînait les aberrations de conduite et plus il nous faisait prendre des risques en essayant au passage de foutre en l'air une moto et ses trois passagères. Nous sommes arrivés au port complètement exténués, sous le choc. On venait de vivre une expérience hallucinante. Nous avons déjà eu affaire à des chauffeurs de taxi qui s'endormaient au volant, d'autres qui roulaient bourrés mais celui-ci remporte la palme d'or du pire des chauffards. Il sera très dur à détrôner... enfin nous l'espérons ! Si nous avons attrapé une suée dans ce foutu taxi, rien de tel que 20 minutes dans un petit hors-bord sur une mer agitée à essuyer les embruns pour atteindre l'île de Derawan. Résultat : plus un poil de sec. Bref, content d'arriver à bon port. Il nous faudra tout de même quelques heures pour nous remettre de nos émotions.

Nous logeons au Dive Lodge Resort, un petit Resort de 10 chambres au bord de l'eau, plein de charme. Le plus confortable de l'île.

Dive Lodge Resort

Le temps est toujours aussi magnifique et nous en profitons pour faire le tour de l'île l'après-midi. Quel bonheur de se retrouver à la mer !

Cimetière sous les cocotiers

3 heures de taxi pour rejoindre Balikpapan. Retour au point de départ. Cette boucle de cinq jours à la découverte de la Mahakam aura été fantastique tant au niveau de la faune et de la flore qu'au niveau des rencontres avec la population locale hyper accueillante. Inutile aussi comme le préconise le guide Lonely Planet de prendre un guide même si les autochtones ne parle pas l'anglais. Nos quelques bribes de vocabulaire indonésien et les gestes suffisent à une excellente compréhension et surtout le périple revient au tiers du prix. Nous aurons tout de même parcouru 185 kilomètres en une dizaine d'heures de navigation.

7h du mat. Après 1h30 de ces, 4 heures de bus et une demi-heure de moto nous revoilà à Samarinda. Nous allons maintenant pouvoir nous requinquer dans le luxe d'un très bon hôtel.

Deuxième jour de notre périple dans la région de la rivière Mahakam. Nuit épouvantable pour Seb : demangeaisons terribles au niveau des piqûres de punaise. Navigation sur le lac dans un premier temps pour atteindre le village d'Ohong, porte d'entrée de la rivière Ohong. Bornéo tel que l'on se l'imagine, tel que l'on en rêve... une rivière étroite et sinueuse bordée d'une végétation luxuriante qui nous enveloppe parfois, d'immenses banians obstruant complètement le ciel. L'eau est d'une couleur marron rouge très foncée et parfois il faut jouer de la machette et descendre du bateau, en équilibre sur les troncs pour dégager les branches d'arbres et tirer le bateau. Justement, après avoir réussi à dégager l'embarcation, emporté par l'élan, Serge a failli tomber dans la flotte qui n'incite pourtant guère à la baignade et son reflexe a été de se raccrocher à la première liane venue. En une fraction de seconde il a réalisé que cette liane était couverte de milliers d'épines. Son choix a été vite fait : se cramponner au bateau qui filait. Il ne sait pas par quel miracle il a échappé au bouillon mais il a réussi à grimper à bord en se blessant légèrement au genou... tout est bien qui finit bien.

Rivière Ohong

Au bout d'une heure trente à remonter cette rivière paradisiaque sur 23 km, nous arrivons à Mancong, charmant petit village Dayak sur pilotis où se dresse une énorme long house datant des années 30, de 1000 mètres carrés, d'où proviennent des chants religieux catholiques au son des guitares. Aujourd'hui c'est jour de fête, c'est l'épiphanie. Plus d'une centaine de personnes se sont réunies dans cette immense bâtisse d'une longueur impressionnante, bordée de nombreux totems le long de l'imposant édifice. L'accueil comme partout ailleurs est exceptionnel. Des gens s'éclipsent de la cérémonie pour nous prendre en photo et nous proposent même de partager leur repas, vraiment touchant.

Long house à Mancong

La rivière Ohong est réputée pour être une visite incontournable de la région de la Mahakam. Et pour cause. Non seulement la flore est extraordinaire mais la faune est tout bonnement exceptionnelle. Des oiseaux de toute beauté nous survolent sans cesse :  les très colorés martin-pêcheurs, de gros oiseaux tels que des calaos, des échassiers de toute sorte,  des aigles impressionnants, des lézards géants (tout ici est démesuré) sans compter les macaques et surtout les superbes nasiques, singes dotés d'une proéminence nasale imposante. Nous sommes vraiment chanceux qu'ils aient daigné pointer le bout de leur nez. Cet endroit aura vraiment été pour nous le top dans notre boucle sur la Mahakam. 

Martin-pêcheur

Nous quittons la rivière Ohong et retraversons le lac jempang jusqu'à Muara Muntai où nous allons passer la nuit. Un village typique très animé où l'on ne se déplace que sur des pontons en bois dont le principal mesure plus de 2 km.. Notre guesthouse très basique ( Penginapan Srimuntai)  surplombe les échoppes et offre une vue imprenable sur la rivière. Aujourd'hui nous avons parcouru 84 km en bateau.

Muara Muntai

Ici, à nouveau, le muezzin rythme la vie quotidienne des villageois et va à nouveau nous sortir des bras de Morphée à 04h40 pour une heure vingt d'"Allah Akbar".

Désagréable surprise ce matin. Seb s'est fait piquer par une punaise de lit durant la nuit et l'on peut suivre les méfaits de son trajet sur tout le corps des pieds à la tête. Saloperie de bestiole. Le comble pour un hôtel 4 étoiles !

Taxi pour la gare de bus de Sungai Kunjang à 3 km du centre puis 3h30 de bus jusqu'à Kota Bangun, point de départ des périples sur la rivière Mahakam, 2 ème plus grande rivière d'Indonésie avec ses 930 km navigables jusqu'au coeur de Bornéo.

Nous chartérisons un ces, long bateau en bois équipé d'un gros moteur hors-bord. Pas d'arnaque au niveau des tarifs qui sont néanmoins élevés vu le prix de l'essence. Effectivement nous speedons un maximum en traversant le lac Semarang puis le lac Melintang, l'un des 76 lacs que compte le bassin du fleuve Mahakam. Après avoir navigué sur une petite rivière très étroite au milieu d'une végétation luxuriante où les singes s'en donnent à coeur joie, nous rejoignons à nouveau la rivière Mahakam au niveau de Muara Mutai et entrons dans le lac Jempang. Rencontre avec un varan qui se baigne au milieu de la végétation flottant à la surface de l'eau, juste avant d'arriver à Jantur réputée pour être la bourgade la plus intéressante à visiter de la région. Nous faisons une halte d'une heure pour admirer la beauté des lieux et déambuler sur les pontons à la découverte de la vie locale. Les villageois sont vraiment adorables et l'accueil est très chaleureux. L'endroit est absolument magique et des plus photogénique. Nous continuons à avoir un bol monstre avec le temps, c'est quasiment grand ciel bleu, par contre la chaleur est écrasante et on ruisselle de partout.

Jantur

Retour au bateau pour la traversée du lac Jempang jusqu'à Tanjung Isuy où nous allons passer la nuit. Notre boat man nous propose ses services pour le lendemain à  un prix tout à fait raisonnable. C'est ok pour nous d'autant que son bateau est hyper confortable et surtout hyper rapide. Tanjung Issuy est un petit village de l'ethnie Dayak avec quelques habitations traditionnelles appelées long house. L'endroit très paisible est bourré de charme. Notre guesthouse (Losmen Wisata) est  l'une de ses long house, basique mais offrant une vue imprenable sur les marais et le lac. Nous sommes au pied d'un nichoir à hirondelles comme on en trouve un peu partout à Kalimantan, des milliers d'entre elles viennent nidifier dans des tours carrées de plusieurs mètres de haut, percées de nombreux orifices. Les nids confectionnés avec leur salive sont ensuite recueillis et vendus à prix d'or notamment aux chinois qui en raffolent. Un business très lucratif. Aujourd'hui, nous aurons parcouru 68 km en bateau, 2h30 à naviguer dans de magnifiques paysages.

 Arbre à ramboutans                                                         Losmen Wisata et nichoirs à hirondelles

Tanjung Isuy

Effectivement notre joie aura été de courte durée car après 2h30 de bus nous atteignons Samarinda (726 000 habitants) par une route vallonnée très sinueuse. La belle et imposante mosquée du nouveau centre islamique à l'entrée de la ville nous annonce la couleur. Même dans le grand hôtel où nous sommes descendus, l'alcool est interdit, c'est pour dire... Samarinda  est en fait la ville de départ pour visiter la région de la rivière Mahakam, deuxième partie de notre voyage. Dans les environs de Samarinda, de nombreuses mines de charbon à ciel ouvert déversent leurs productions dans d'énormes barges tractées par des remorqueurs qui descendent la Mahakam jusqu'à son estuaire.

5 heures du mat nous retrouvons notre guide Tailah que nous avions croisé le premier jour de notre arrivée. Nous partons donc de nuit en bateau sur la rivière Martapura. Au bout d'une heure, le jour commence à se lever et déjà des petits bateaux d'acheteurs et de vendeurs de fruits et légumes nous escortent jusqu'au marché de Lokbaitan, le seul marché flottant d'Indonésie, attraction phare de Banjarmasin. Le spectacle est total et nous nous faufilons au beau milieu des barques remplies de magnifiques fruits et légumes, une débauche de couleur tant dans les victuailles que dans les tenues des femmes en équilibre dans leur frêle embarcation. Moteur arrêté nous allons dériver au gré du courant en compagnie de tout ce petit monde qui pagaie dans une cohue bien réglée. Nous avons même assisté à un chavirage de barque, la pauvre femme et son chargement de régime de bananes ont fini à l'eau. Certaines barques sont dédiées à la restauration et nous en avons profité pour prendre notre petit déjeuner, ici des bananes frites, là de délicieux pancakes au chocolat. Nous dérivons ainsi sur près d'un kilomètre et au bout d'une heure et demie où nous en avons pris plein les yeux, nous retournons à Banjarmasin que nous atteindrons vers 9h du matin. Une excursion immanquable.

L'après midi, vol Banjarmasin - Balikpapan avec Wings Air, nous quittons le sud du Kalimantan pour le centre-est. Banjarmasin la prude est aux antipodes de Balikpapan, ville cosmopolite de 459 000 habitants, rendue très pospère grâce au pétrole, où l'alcool coule à flot dans les restos du front de mer, dans le quartier très animé de Ruko Bandar, face à notre hôtel. Après notre périple de six jours dans le sud nous avons l'impression d'avoir débarqué dans un autre pays tellement le contraste est saisissant... profitons-en bande de mécréants car cela ne va pas durer.

Wings Air : sur la liste noire ...                                         Novotel surplombant Ruko Bandar 

Retour sur Banjarmasin pour une journée relax et pour nous en mettre plein la panse. Banjarmasin est surnommée la ville aux mille rivières mais c'est aussi hélas la ville au 1000 mosquées et ça ce n'est pas pour notre plus grand plaisir. Jamais dans nos voyages en pays musulmans (Oman par exemple...) nous avons entendu un tel vacarme lorsque les muezzins de toutes les mosquées de la ville se déchaînent au même moment lors des prêches et des appels à la prière dans une cacophonie absolument épouvantable.

A 6H15 du mat nous grimpons dans un truck genre bétaillère pour notre retour sur Kandangan, ville de 45000 habitants très proprette où nous débarquons en plein marché. Les gens nous regarde comme si nous étions des extraterrestres et les commentaires vont bon train, à la fois amusés, hallucinés, hagards, ils nous parlent comme si nous connaissions leur langue, ce qui paraît être une évidence pour eux. Un petit monsieur avec quelques connaissances d'anglo-indo-charabia nous guide  jusqu'au Wisma Duta, hôtel pas terrible et pourtant  le meilleur de la ville. Basique mais la chambre est plus grande que celle de Loksado.

Marché de Kandangan

Après un semblant de petit-déjeuner nous rejoignons Negara en taxi à une vingtaine de bornes. Au bout de quelques kilomètres nous commençons à traverser d'immenses marécages parcourus par de nombreux canaux. La meilleure façon de visiter les lieux est de louer un bateau pour sillonner la ville avec ses maisons sur pilotis d'une part et pour aller à la rencontre des buffles d'eau, la grande fierté de la région, d'autre part. Les buffles d'eau dorment dans des étables construites au milieu des marais et passent leurs journées dans l'eau à brouter l'herbe en surface. Moment d'une grande quiétude lorsque le moteur du bateau arrêté, les buffles nous entourent avec pour toile de fond cet immense marécage aux couleurs mordorées. 3h d'excursion mémorables. 

Buffles d'eau et étables sur pilotis   

Negara

A Negara, la curiosité des gens n'échappe pas à la règle et certaines situations sont à la  limite gênantes. En venant ici alors que nous étions dans le taxi et que nous traversions une fête de village où visiblement seules les femmes étaient présentes, il a suffit que l'une d'entre elles pointe du doigt dans notre direction pour qu'une hystérie collective se déclenche et le mot hystérie n'est pas trop fort, insensée une telle réaction, limite à faire peur, digne de la dernière publicité Nespresso : "Georges Clooney is inside !!!" ...euh, no no it's just Sergio and Seb. Retour en ojek (mototaxi) à Kandangan, encore une ville où il n'y a rien à faire. Aujourd'hui jeudi soir, veille de la grande prière du vendredi, les muezzins sont déchaînés, sûrement le jour des happy hours avec deux prières pour le prix d'une... discours à n'en plus finir même à 5 h du mat.

Temps magnifique pour cette splendide journée de trek à remonter la rivière Amandit jusqu'au village de Bali Harantai et la cascade d'Air Terjung. 15 km de marche sur un ruban bétonné longeant la rivière où se succèdent d'innombrables ponts bringuebalants et notamment quatre magnifiques ponts suspendus dignes de cartes postales dans un décor grandiose. Un véritable jardin d'éden où les arbres à épices côtoient les palmiers, les hévéas, les fougères géantes... 5 heures de marche dans les montagnes Mératus que l'on peut faire soi-même, l'aide d'un guide comme le préconise le Lonely Planet n'étant pas indispensable pour cette portion de trek.

Marché du mercredi

Cannelle

Retour dans notre palace de Loksado. Ce soir 19h, il n'y a plus âme qui vive. Ambiance bien calme par rapport à la veille. Nous ne rêvons que d'une chose : un bon repas avec une petite bière (mais surtout pas une Bintang sans alcool au goût de jus de pomme comme nous en avons acheté en guise d'apéro). Mais ça hélas, ce ne sera pas non plus pour demain... Notre dernière nuit sera loin d'être de tout repos dans ce trou franchement paumé qui semblerait être un véritable havre de paix mais c'est sans compter sur le muezzin et ses "Allah Akbar" qui vous sortent de votre profond sommeil.

Notre guesthouse et le warung 

8h. Ce matin nous nous rendons à la gare de bus ou du moins ce qui y ressemble (Terminal de Jalan A. Yani, situé à 6km au sud est de la ville). Pas de bus pour rejoindre Kandangan, à 3h de route, mais un colt, sorte de mini minibus de 11 places extensibles qui ne part que lorsqu'il est complet. Au bout de 1h30 d'attente dans un véritable sauna, nous partîmes à onze et par un prompt renfort  nous nous vîmes dix sept en arrivant à bon port. Au fond du véhicule pourri de chez pourri, une famille qui aurait mieux fait de rater le colt ce jour-là : un petit gamin qui ne cessera de crier tel un cochon qu'on égorge et sa soeur qui s'acharnera à remplir un sac de son vomi durant tout le trajet... ajoutez à cela le chauffeur qui fume clope sur clope et qui nous envoie sa fumée en pleine face... bref, des conditions de voyage loin d'être idéales. Au cours d'une pause pipi-bouffe, une gentille maman a même refilé son rejeton dans les bras de Serge, un bambin bien grassouillet qui a affiché le menu avec du vomi devant et la couche bien pleine derrière, tout cela pour immortaliser le scène sur son téléphone portable. Une fois arrivés à Kandangan par une route sans grand intérêt, nous devons parcourir les 40 derniers kilomètres restant à moto. Un véritable enchantement pour les yeux. La petite route étroite, genre montagnes russes, serpente dans les monts Meratus couverts d'une jungle exubérante. Rien que cette route mérite le déplacement.

Au bout d'une heure de chevauchée fantastique la route s'arrête en cul de sac au bord d'une rivière dans le village pittoresque de Loksado. Nous logeons dans une guesthouse (Wisma Alya) avec une terrasse donnant sur la rivière, cela paraît idyllique mais en fait la piaule fait partie du top 5 des endroits les plus basiques où nous ayons foutu les pieds. Nous dormirons dans un clapier. L'accueil, comme partout ici depuis notre arrivée, est des  plus chaleureux.

Loksado

A peine déposés les petits sacs à dos (nos gros sacs sont restés à l'hôtel à Banjarmasin car impossible de faire ce périple en étant surchargés) nous allons tester le bamboo-rafting, attraction phare de Loksado. Nous prenons place sur un radeau de 8 mètres de long sur un mètre cinquante de large avec à la manoeuvre un as dans le maniement de la perche en bambou. Absolument génial. Deux heures de descente sur la rivière Amandit qui coule entre les monts Kantawan dans la jungle épaisse et luxuriante d'où monte les bruits stridents et incessants des insectes. Les rapides s'enchaînent et certains d'entre eux nous réservent de grosses frayeurs. A trois reprises nous avons failli être éjecté avec appareil photo et caméscope, notamment une fois où, caméscope dans une main et  l'autre cramponnée au siège, les fesses quasiment dans l'eau et prêts à chavirer, une grosse araignée noire a l'idée de se laisser tomber des bambous pour atterrir sur l'épaule de Serge. Enorme décharge d'adrénaline. Ou il se jette à l'eau avec caméscope et tout le toutim, ou il maintient sa position inconfortable et attend que l'on se remette d'aplomb. C'est la deuxième solution qu'il a choisi en laissant l'araignée se balader dans son dos. Les secondes lui on paru une éternité.  Une chose est sûre il a sauvé son caméscope et l'araignée aura continuer son chemin sans le piquer.

Retour à Loksado pour un repas de satays (brochettes de poulet sauce cacahuète qui grillent par dizaines sur le barbecue) dans le petit warung du coin et dans  l'ambiance très animée du marché du soir.

Après une fabuleuse nuit réparatrice, nous partons à la découverte de Banjarmasin, grande ville de 611 000 habitants surnommée la Venise de Kalimantan. Notre journée commence par un jeu loin d'être ludique, celui des machines à sous. Les distributeurs automatiques ne manquent pas mais quant à cracher des roupies, c'est une autre histoire... Et quand ils daignent en donner, ce n'est qu'avec parcimonie. Nous en ferons une bonne quarantaine et ne parviendront même pas à récolter la somme escomptée... nous n'avons jamais raflé le jackpot (pas cher payé pour le temps que nous avons perdu).

Si la ville en elle-même n'offre pas beaucoup d'intérêt, la visite de ses canaux vaut le déplacement, à condition bien sûr de trouver un bateau et c'est là que les choses se corsent. Personne ici ne parle anglais. Mais grâce à la gentillesse des gens qui sont toujours prêts à nous aider et malgré la barrière de la langue (même les policiers sont super sympas : poignée de main, grande tape dans le dos et même arrêt de la circulation pour que nous puissions traverser) nous réussissons à chartériser un klotok (sorte de longue barque à moteur qui sert aussi de transport public pour les locaux) sous le pont Jembatan Dewi. 2 heures d'excursion à sillonner les canaux bordés de part et d'autre de maisons en bois sur pilotis et de petites mosquées très colorées. Les gens nous saluent sans cesse et les "hello mister !" fusent de toute part. Il faut à chaque instant penser à baisser la tête si l'on ne veut pas se fracasser le crâne contre les innombrables ponts qui enjambent les canaux. Un must dans la visite de Banjarmasin.

Nous avons une chance incroyable avec le temps, nous sommes censés être dans le plus mauvais mois de l'année pour visiter cette région mais aujourd'hui le temps est magnifique et la chaleur est écrasante... pourvu que ça dure. Fin de journée farniente bien méritée à l'hôtel où, au bord de la piscine, de sympathiques indonésiennes voilées - loin d'être farouches - se font prendre en photo à nos côtés... ce n'est sans doute pas tous les jours qu'elles croisent des touristes "blancs" et cela doit être super exotique pour elles.

Bornéo, troisième île au monde par sa superficie (743 330 km², 674 643 km² pour la France) peuplée de 20 millions d'habitants. Trois pays se partagent le territoire : la Malaisie, le sultanat de Bruneï et l'Indonésie qui couvre les 4/5 ème de la surface. C'est la partie indonésienne de Bornéo, appelée Kalimantan que nous allons visiter du sud à l'est. 

Arrivée à l'aéroport de Banjarmasin (à 26 km du centre ville) sur un vol Lion Air depuis Jakarta. Ce qui frappe en arrivant c'est la chaleur humide, étouffante (98 % d'humidité et plus d'une trentaine de degrés) et l'odeur de clou de girofle que dégagent les kreteks, cigarettes locales. Trajet en taxi prepaid jusqu'à l'hôtel sous un orage et des trombes d'eau. Fort heureusement nous nous étions débarrassés des longues et fastidieuses formalités de visa à notre arrivée à Jakarta et nous ne rêvions désormais que d'une chose, nous mettre à l'horizontal et soulager notre postérieur endolori après un voyage bien épuisant. Ce soir c'est la délivrance et c'est là qu'apprécier son lit prend tout son sens, pouvoir s'allonger et s'étirer après ces 30 heures de voyage.

       Lion Air : sur la liste noire...

Vue sur Banjarmasin